Discospondylite
Infection bactérienne ou fongique des disques intervertébraux et des corps vertébraux adjacents. La discospondylite atteint préférentiellement les chiens de grande taille et de taille géante (berger allemand, dogue allemand…). Cette affection est rare chez le chat.
Discospondylite lombosacrée |
Synonyme : spondylodiscite
Terme anglo-saxon : discospondyliti
s
• Cause la plus fréquente : infection hématogène
• La prolifération de l’os et de tissu fibreux peut causer une compression de la moelle épinière et entraîner l’apparition de symptômes neurologiques.
• Moins souvent, une discospondylite peut entraîner une luxation ou une fracture vertébrale, un abcès épidural ou une infection étendue aux méninges et à la moelle épinière -> symptômes neurologiques.
Age moyen des chiens atteints : 4 à 5 ans. Mais, La discospondylite peut apparaître très tôt chez le chiot ou plus tard chez les chiens > 10 ans.
Les mâles sont environ 2 fois plus touchés que les femelles.
• Le plus fréquemment, la discospondylite est une maladie aiguë mais parfois les signes cliniques peuvent être modérés sur plusieurs mois avant la présentation de l’animal en consultation.
• La douleur peut entraîner une difficulté du chien à se lever, un refus du saut, et une boiterie.
• Ataxie ou parésie
• Anorexie, perte de poids
• Parfois, incontinence urinaire et/ou fécale
• Douleur vertébrale focale ou multifocale
• Le disque lombosacré est le plus souvent atteint mais tous les disques intervertébraux peuvent être atteints.
• Parésie ou paralysie
• Fièvre
• Boiterie
• Origine bactérienne : Staphylococcus aureus, Staphylococcus intermedius, Brucella canis, Streptococcus spp., Corynebacterium spp., Escherichia coli, Proteus spp., Pasteurella spp., Actinomyces spp., Bactericides spp.
• Origine fongique : Aspergillus spp., Coccidioides immitis
• Corps étranger (par exemple, un épillet)
• Iatrogène : suite à une intervention chirurgicale
• Plaie (par exemple, plaie causée par une morsure)
• Infection du tractus urinaire
• Maladie périodontale
• Endocardite bactérienne
• Dermatite
• Immunodéficience
• Hernie discale
• Fracture et luxation vertébrales
• Néoplasie vertébrale
• Spondylosis deformans
• Méningomyélite
Vue de profil |
Vue de face |
• Radiographie de la colonne vertébrale : lyse des corps vertébraux adjacents, collapsus de l’espace intervertébral, parfois spondylose ventrale (bec de perroquet). Après 1 mois post-infection, les lésions peuvent ne pas être visibles à la radiographie.
• Myélographie : indiquée si présence de troubles neurologiques
-> détermination de la localisation et du degré de compression de la moelle épinière. Elle est utile en cas de chirurgie décompressive. Elle met en évidence une compression extradurale.
• La jonction lombosacrée est un site fréquent de discospondylite.
Autres examens complémentaires
• Hémogramme : leucocytose possible
• Analyse urinaire : éventuellement pyurie, ECBU positif 1 fois sur 4 environ. Attention, les agents infectieux isolés autre que Staphylococcus spp. peuvent ne pas être la cause de la discospondylite.
• Hémoculture (aérobique, anaérobique, fongique) : identification d’un agent infectieux 3 fois sur 4 environ.
• Sérologie : Brucella canis
• Analyse du LCR : parfois augmentation modérée du taux de protéines. L’analyse du LCR permet d’écarter une méningomyélite.
• Scintigraphie osseuse
• Prélèvement à l’aiguille guidée par fluoroscopie en vue de cultures bactériologiques et fongiques
• L’antibiotique est choisi d’après l’antibiogramme et la sérologie (Babesia canis).
• Le traitement antibiotique est prescrit au minimum pour une durée de 4 semaines.
• Lorsque l’hémoculture et la sérologie sont négatives, l’agent infectieux présumé est Staphylococcus spp. Dans ce cas, prescription d’une céphalosporine (par exemple, la céphalexine).
• Brucellose : tétracycline + streptomycine ou enrofloxacine (Baytril®). La transmission de la brucellose du chien à l’humain est possible mais rare.
• En cas de douleur sévère : analgésique.
Les analgésiques peuvent entraîner une rémission des signes cliniques même si l’infection persiste. Ils doivent donc être utilisés de façon discontinue de façon à pouvoir apprécier l’efficacité du traitement antibiotique.
Indications du traitement chirurgical
• En cas d’échec du traitement médical lorsque les antibiotiques et le repos strict se sont avérés inefficaces après 1 ou 2 semaines de traitement
• Présence de déficits neurologiques
• Instabilité vertébrale associée à une destruction osseuse évidente radiographiquement
Techniques chirurgicales
• Un curetage du disque intervertébral peut être envisagé. Le but est d’enlever les tissus infectés et de pratiquer un examen bactériologique sur les tissus prélevés. Une évaluation histologique peut aussi être réalisée.
• En cas de déficit neurologique, la myélographie peut mettre en évidence une compression de la moelle épinière. Dans ce cas, une hémilaminectomie ou, selon la localisation, une laminectomie dorsale peuvent être envisagées. Au cours de l’intervention, il est aussi intéressant de pratiquer un curetage du disque intervertébral et un examen bactériologique sur les tissus prélevés. Une greffe d’os spongieux peut aussi être pratiquée.
• En cas d’instabilité vertébrale, une stabilisation de l’articulation concernée est indiquée.
La discospondylite lombosacrée doit souvent être traitée par stabilisation du fait de la mobilité importante de la jonction lombosacrée Biblio[1]. Le but de l’intervention est alors d’obtenir une fusion intervertébrale. Etapes : laminectomie dorsale, distraction et fenestration de l’espace intervertébral, curetage, retrait du cartilage articulaire +/- greffe d’os spongieux, stabilisation externe et/ou interne.
Résumé de l’article [1] (lien Pubmed)
• Période post-opératoire : antibiothérapie choisie à partir d’un antibiogramme et réduction de l’activité physique.
Les corticoïdes sont contre-indiqués.
Ré-évaluation après environ 1 semaine de traitement.
Si pas d’amélioration -> changement raisonné d’antibiotique, culture et antibiogramme, ou intervention chirurgicale.
• Compression de la moelle épinière
• Fracture et luxation vertébrales
• Méningite et méningomyélite
• Abcès épidural
• Lorsque le traitement antibiotique est arrêté prématurément, les récidives sont courantes.
• Le pronostic dépend de l’agent infectieux en cause et de l’étendue des lésions de la moelle épinière.
• Lorsque l’atteinte neurologique est absente ou légère, la régression des signes cliniques intervient rapidement (vers le 5ème jour après le début du traitement antibiotique).
• Paralysie et parésie : pronostic réservé. La rémission peut n’intervenir qu’après plusieurs semaines de traitement antibiotique.
• Brucellose : le plus souvent la rémission est complète avec le traitement antibiotique mais les rechutes sont fréquentes.
Bibliographie 1. Auger J., Dupuis J., Quesnel A. & Beauregard G. (2000) : Surgical Treatment of Lumbosacral Instability Caused by Discospondylitis in Four Dogs. |